8 mythes sur les relations abusives
Note sur le vocabulaire:
Pour alléger le texte et puisque ceci représente la majorité des relations où le pouvoir est utilisé de façon abusive, le genre masculin est utilisé pour représenter l’abuseur et le genre féminin est utilisé pour représenter la victime. Ceci n’exclut aucunement la possibilité d’une situation inverse et s’applique également aux relations homosexuelles.
Nombreuses sont les personnes qui prennent parole pour dénoncer les relations abusives et faire de la sensibilisation mais, malgré tout, les relations abusives demeurent taboues.
D’une part, les relations abusives sont très confrontantes. Par exemple, apprendre que sa meilleure amie a été victime d’abus de la part de son conjoint pendant des années sans qu’on ne s’en rende compte peut générer beaucoup de culpabilité et d’incompréhension. De l’autre côté, apprendre qu’une personne que l’on apprécie est abusive envers sa partenaire peut venir complètement chambouler l’image que l’on avait d’elle.
Les relations abusives sont également très mal comprises. Malgré la sensibilisation et l’éducation, certains mythes continuent de se propager et entretiennent le problème. Pour vous aider à y voir plus clair, dans cet article, je déconstruis 8 mythes sur les relations abusives et, à la toute fin, j’aborde la responsabilité et les valeurs de la personne abusive.
8 mythes sur les relations abusives
Mythe: Ça arrive aux personnes faibles
Réalité: Ça peut arriver à n’importe qui. On le dit et on le redit mais c’est parfois encore difficile de s’imaginer que ça peut réellement arriver à n’importe qui. Peu importe le statut socio-économique, le bagage, le travail, les études ou le caractère d’une personne, elle n’est pas à l'abri de devenir victime d’une relation abusive.
Les relations abusives sont extrêmement complexes et l’abus s’installe souvent si subtilement que les victimes ne s’en rendent pas toujours compte. Je vous invite à lire mon article DÉCOUVREZ 8 SIGNES D’UNE RELATION TOXIQUE pour en savoir plus sur le sujet.
Mythes: On les voit venir
Réalité: Plusieurs éléments tels que les bombardements d’amour, les manipulations, les distorsions, les mensonges, la déresponsabilisation, etc. font en sorte que c’est très difficile de voir clair dans une relation abusive.
En fait, c’est tout le contraire, plus la relation évolue, plus c’est difficile d’y voir clair.
Mythes: Il perd contrôle
Réalité: La perte de contrôle est une excuse dont il se sert pour laisser croire qu’il pose des gestes abusifs contre son gré, de façon complètement involontaire. La plupart du temps, c’est complètement faux, la personne abusive a conscience de ce qu’elle fait.
Par contre, elle a peut-être l’impression d’avoir perdu le contrôle sur la victime et l’abus serait le moyen de reprendre ce contrôle.
Certaines victimes de relation abusive ont témoigné qu’elles étaient déconcertées par la façon dont l’abuseur était en mesure de “retrouver” ses moyens lorsqu’une autre personne intervenait. Par exemple, lorsque la police est appelée pour intervenir en situation de violence conjugale, certaines victimes racontaient que leur conjoint faisait preuve d’un calme exemplaire à leur arrivée, comme si rien ne s’était passé.
S’il était vraiment en perte de contrôle, aurait-il vraiment pu s’arrêter et retrouver son calme de cette manière?
Mythes: Il a une personnalité agressive
Réalité: Si son comportement abusif était lié simplement à son agressivité, ça voudrait dire qu’il pourrait être abusif avec tout le monde qui le contrarie sans discrimination mais ce n’est généralement pas le cas. Il est abusif en privé et avec les gens sur qui il souhaite avoir du pouvoir et du contrôle, ce n’est pas lié à son agressivité. D’ailleurs, il n’a pas nécessairement besoin d’être agressif pour être abusif.
L’agressivité et l’abus sont deux choses complètement distinctes, une personne peut être agressive sans être abusive.
Mythes: Il a de la difficulté à gérer ses émotions
Réalité: Les personnes abusives veulent nous faire croire que leurs émotions causent leur comportement - et certaines d’entre elles le croient peut-être réellement - mais c’est faux. C’est payant pour l’abuseur de faire croire à la victime que ses émotions sont responsables de son comportement parce que, de cette manière, la victime s’assure que l’abuseur soit bien (elle prend la responsabilité des émotions de l’abuseur) pour éviter un autre épisode abusif. La victime va donc répondre aux demandes de l’abuseur, ne s’opposera pas à lui, fera ce que lui veut…
En réalité, on vit tous des émotions désagréables mais on n’est pas tous abusif, même les personnes qui ont une très faible gestion de leurs émotions ne sont pas nécessairement abusives. Le comportement abusif s’explique par les croyances et les valeurs de la personne abusive, pas par ses émotions. (Voir plus bas)
Mythes: Il a été abusé lorsqu’il était enfant
Réalité: En effet, certains abuseurs ont été abusés lorsqu’ils étaient enfants et il est vrai que l’abus, spécialement l’abus sexuel, peut laisser des séquelles graves du point de vue psychologique. Par contre, être victime d’abus ne cause pas directement un comportement abusif et ne l’excuse certainement pas.
Mythes: C’est parce qu’il a consommé
Réalité: La consommation peut affaiblir la conscience morale qui limiterait peut-être l’abus mais elle ne change pas la personnalité de la personne. La consommation peut simplement faire en sorte qu’il a le courage d’agir; elle ne fait pas naître un comportement abusif.
Si on porte une attention particulière, on risque de se rendre compte que la personne utilise des comportements abusifs même lorsqu’elle n’a pas consommé, peut-être que ses comportements sont simplement plus subtiles. Par exemple, peut-être qu’il ne va pas frapper la victime mais il va l’humilier, utiliser des propos dégradants, la traiter de noms, la manipuler, etc..
Mythes: Il a une faible estime de soi
Réalité: Ça n’a pas rapport. La victime aussi a probablement une très faible estime de soi suite à l’abus qu’elle a vécu, est-ce qu’elle est devenue abusive pour autant?
Cette excuse permet à l’agresseur d’avoir de l’empathie de la part de son entourage mais elle n’a aucun lien avec son comportement. Nombreuses sont les personnes qui ont une faible estime de soi et, vous l’aurez deviné, elles ne sont pas toutes abusives.
Toutes les excuses que l’abuseur peut trouver pour justifier ses comportements abusifs ne sont que des excuses, elles n’en sont pas la cause. Rappelons nous que ce qui fait en sorte qu’une personne adopte des comportements abusifs ce sont ses valeurs et le sentiment qu’elle en a le droit.
La responsabilité de la relation abusive
Un élément qui est très important par rapport à la relation abusive est celui de la responsabilité. Une chose doit être claire: la seule personne responsable de l’abus dans la relation est la personne abusive. La victime, peu importe ce qu’elle a fait ou pas fait, n’est aucunement responsable.
Certaines techniques telles que la manipulation, la justification, la déresponsabilisation, etc. vont laisser croire que la victime a un rôle à jouer, une part de responsabilité par rapport à l’abus qu’elle vit, ceci est entièrement faux.
C’est plutôt simple, la victime pourrait agir exactement de la même manière mais si elle n’était pas en relation avec une personne abusive, elle ne vivrait pas d’abus; elle vit de l’abus parce qu’elle est en relation avec une personne abusive et la personne abusive en est la seule responsable.
Les valeurs de la personnes abusives
Comme mentionné à quelques reprises plus haut, les valeurs de la personne abusive seraient une partie du problème. En fait, selon le psychologue Lundy Bancroft, les personnes abusives ont généralement un ensemble de valeurs qui entretiennent ou justifient leur comportement abusif.
Par exemple, il est possible que, selon l’abuseur, les femmes ne soient pas égales aux hommes, que le respect de l’autre ne soit pas important (sauf envers lui), qu’il valorise le contrôle et le pouvoir sur l’autre, etc..
Si vous êtes actuellement dans une relation abusive et que vous souhaitez obtenir de l’aide, je vous invite à communiquer avec les centres d’aide près de chez vous ou de contacter SOS Violence Conjugale au 1-800-363-9010.